Maîtriser une langue étrangère en général et la langue française en particulier ne signifie pas seulement posséder la compétence linguistique mais encore maîtriser la compétence de communication. Les connaissances pragmatiques et socio-culturelles sont donc indispensables. En fait, les obstacles de type pragmatique et socio-culturel perturbent les interactions verbales plus que le manque de connaissances de la langue : ils provoquent d’une part la difficulté dans la réalisation et l’interprétation des actes de langage et gênent d’autre part la relation interpersonnelle des interactants.
Pour arriver à maintenir une bonne relation lors d’une interaction verbale, il faut que les interactants hyperbolisent d’un côté les actes valorisants pour la face et évitent de l’autre côté les actes menaçants pour la face. En réalité, il existe des situations communicatives dans lesquelles les actes menaçants sont inévitables, parmi lesquels l’acte de reproche. Dans ces situations, ce serait bien de trouver des stratégies discursives pour adoucir, limiter leurs effets menaçants/dérangeants. Pour le faire, il nous faut tout d’abord comprendre en profondeur ces actes.
Cependant, nous trouvons que les chercheurs français et vietnamiens n’ont mis l’accent que sur les études sur les actes valorisants pour la face : compliment, remerciement, invitation, excuse, etc. Les actes menaçants restent sous-investis. Il nous manque donc les connaissances sur ce type d’actes. Notre travail de recherche sur l’acte de reproche contribuerait à combler en partie cette lacune.
Bien que l’acte de reproche est un acte universel, les stratégies de reproche ne sont pas identiques, pour les raisons socio-culturelles, chez les Français et les Vietnamiens. Une étude comparative de l’acte de reproche dans les deux langues serait donc très utile. En effet, elle nous permettra de dégager les points communs et les différences dans la réalisation du reproche en français et en vietnamien. Les connaissances acquises nous permettront d’éviter les conflits dans l’interaction avec les Français.
Étant enseignante du français, nous nous intéressons aussi à l’enseignement de cet acte. À notre observation, il n’est pas systématique. Le résultat de notre recherche comparative sur l’acte de reproche dans les deux langues nous aideront à trouver une démarche adéquate pour l’enseignement de l’acte de reproche afin d’éviter les chocs culturels potentiels dans l’interaction franco-vietnamienne.
Ce sont les raisons pour lesquelles nous avons décidé de faire une étude sur l’acte de reproche. Notre travail de recherche est intitulé « ACTE DE REPROCHE EN FRANÇAIS ET EN VIETNAMIEN ».
Les premières réflexions sur l’acte de reproche nous a menée à une série de questions : Qui reproche à qui ? Quelles sont les caractéristiques de l’acte de reproche ? Quels sont les objets de reproche ? Comment les faces des interactants sont-elles menacées par le reproche ? Quels sont les types de réactions au reproche ? Enfin, comment les Français et les Vietnamiens formulent-ils le reproche ?
Nous avons également formulé les hypothèses suivantes : Il existe des similitudes ainsi que des différences dans la formulation du reproche en français et en vietnamien. Et ces différences peuvent être expliquées en partie par des facteurs socio-culturels.
En menant la présente recherche, nous visons tout d’abord à identifier les caractéristiques et les formules de reproches en français et en vietnamien, puis, à faire ressortir les similitudes et les différences dans les stratégies de reproche dans les deux langues. Nous analysons ensuite l’influence des facteurs socio-culturels sur la réalisation de l’acte de reproche en vietnamien.
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Table des matières
introduction 5
premier chapitre : Fondement théorique 8
I. conceptions théoriques 8
1. Acte de langage 8
1.1. Notions d’acte de langage 8
1.2. Classification des actes de langage 9
1.3. Formulation des actes de langage. 11
1.3.1. Formulation directe 11
1.3.2. Formulation indirecte 12
2. Relation interpersonnelle dans l’interaction verbale 14
2.1. Relation horizontale 14
2.2. Relation verticale 15
3. Politesse 16
3.1. Notions de “face” et de “territoire” de E. Goffman 16
3.2. Modèle de politesse de Brown et Levinson 17
3.2.1. Notion de “face” 17
3.2.2. Notion de FTA (“Face Threatening Act”) 17
3.2.3. Notion de “face want” (ménagement de face) 18
3.2.4. Notion de “face work” (travail de face) 18
3.3. Modèle de politesse de C. Kerbrat-Orecchioni 19
3.3.1. Notion de FFA (“Face Flattering Act”) 19
3.3.2. Politesse négative vs positive 19
3.3.3. Stratégies de politesse 20
3.3.3.1. Procédés de la politesse négative 20
3.3.3.2. Procédés de la politesse positive 22
II. définition du reproche 23
1. Définitions dans les dictionnaires 23
2. Le reproche sous l’angle pragmatique 25
Deuxième chapitre : Constitution et Analyse du corpus 27
I. Constitution du corpus 27
1. Choix de la méthode de collecte des données 27
1.1. Problème du choix de la méthode de collecte des données 27
1.2. Justification du corpus littéraire contemporain 29
2. Présentation du corpus 29
2.1. Corpus en français 29
2.2. Corpus en vietnamien 31
3. Méthode d’analyse des données 33
II. Analyse du corpus 34
1. Objet de reproche 34
1.1. Parole 34
1.2. Attitude 35
1.3. Action 35
1.3.1. Action non réalisée 35
1.3.2. Action mal réalisée 37
2. Types de reproches 39
2.1. Reproche direct 39
2.2. Reproche indirect 40
2.3. Reproche mixte - direct et indirect 41
2.4. Reproche - trope communicationnel 41
3. Relation interpersonnelle et reproche 42
3.1. Relation horizontale et reproche 42
3.2. Relation verticale et reproche 43
4. Reproche et face des interactants 43
4.1. Reproche et face de l’allocutaire 44
4.2. Reproche et face de l’énonciateur 45
5. Réaction au reproche 46
5.1. Réaction positive 46
5.2. Réaction négative 49
5.3. Autres types de réactions 50
5.3.1. Déplacement du reproche 50
5.3.2. Renvoi du reproche 51
5.3.3. Évitement au reproche 54
5.3.4. Demande de précision 57
Troisième chapitre : Réalisation du reproche en français
et en vietnamien : similitudes et différences 59
I. réalisation du reproche 59
1. Réalisation du reproche en français 59
1.1. Moyens lexicaux 59
1.1.1. Verbe performatif 59
1.1.2. Termes à sens négatif 60
1.2. Moyens morphologiques 61
1.3. Moyens syntaxiques 62
1.3.1. Phrase exlamative 62
1.3.2. Phrase assertive 63
1.3.3. Phrase interrogative 64
1.3.4. Phrase injonctive 65
1.4. Combinaison des moyens 66
2. Réalisation du reproche en vietnamien 68
2.1. Moyens lexicaux 69
2.2. Moyens morpho-syntaxiques 69
2.2.1. Phrase exlamative 69
2.2.2. Phrase assertive 70
2.2.3. Phrase interrogative 71
2.2.4. Phrase injonctive 75
2.2.5. Combinaison des types de phrases 78
2.3. Combinaison des moyens linguitiques 80
3. Procédés de politesse dans la réalisation du reproche 83
3.1. Procédés adoucisseurs dans la réalisation du reproche en français 83
3.1.1. Procédés substitutifs 83
3.1.2. Procédés accompagnateurs 83
3.2. Procédés adoucisseurs dans la réalisation du reproche en vietnamien 84
4. Procédés durcisseurs dans la réalisation du reproche 85
4.1. Procédés durcisseurs dans la réalisation du reproche en français 85
4.2. Procédés durcisseurs dans la réalisation du reproche en vietnamien 86
II. Similitudes et différences dans la réalisation
de l’acte de reproche en français et en vietnamien 87
Conclusion 91
Bibliographie 93
Introduction
Maîtriser une langue étrangère en général et la langue française en particulier ne signifie pas seulement posséder la compétence linguistique mais encore maîtriser la compétence de communication. Les connaissances pragmatiques et socio-culturelles sont donc indispensables. En fait, les obstacles de type pragmatique et socio-culturel perturbent les interactions verbales plus que le manque de connaissances de la langue : ils provoquent d’une part la difficulté dans la réalisation et l’interprétation des actes de langage et gênent d’autre part la relation interpersonnelle des interactants.
Pour arriver à maintenir une bonne relation lors d’une interaction verbale, il faut que les interactants hyperbolisent d’un côté les actes valorisants pour la face et évitent de l’autre côté les actes menaçants pour la face. En réalité, il existe des situations communicatives dans lesquelles les actes menaçants sont inévitables, parmi lesquels l’acte de reproche. Dans ces situations, ce serait bien de trouver des stratégies discursives pour adoucir, limiter leurs effets menaçants/dérangeants. Pour le faire, il nous faut tout d’abord comprendre en profondeur ces actes.
Cependant, nous trouvons que les chercheurs français et vietnamiens n’ont mis l’accent que sur les études sur les actes valorisants pour la face : compliment, remerciement, invitation, excuse, etc. Les actes menaçants restent sous-investis. Il nous manque donc les connaissances sur ce type d’actes. Notre travail de recherche sur l’acte de reproche contribuerait à combler en partie cette lacune.
Bien que l’acte de reproche est un acte universel, les stratégies de reproche ne sont pas identiques, pour les raisons socio-culturelles, chez les Français et les Vietnamiens. Une étude comparative de l’acte de reproche dans les deux langues serait donc très utile. En effet, elle nous permettra de dégager les points communs et les différences dans la réalisation du reproche en français et en vietnamien. Les connaissances acquises nous permettront d’éviter les conflits dans l’interaction avec les Français.
Étant enseignante du français, nous nous intéressons aussi à l’enseignement de cet acte. À notre observation, il n’est pas systématique. Le résultat de notre recherche comparative sur l’acte de reproche dans les deux langues nous aideront à trouver une démarche adéquate pour l’enseignement de l’acte de reproche afin d’éviter les chocs culturels potentiels dans l’interaction franco-vietnamienne.
Ce sont les raisons pour lesquelles nous avons décidé de faire une étude sur l’acte de reproche. Notre travail de recherche est intitulé « Acte de reproche en français et en vietnamien ».
Les premières réflexions sur l’acte de reproche nous a menée à une série de questions : Qui reproche à qui ? Quelles sont les caractéristiques de l’acte de reproche ? Quels sont les objets de reproche ? Comment les faces des interactants sont-elles menacées par le reproche ? Quels sont les types de réactions au reproche ? Enfin, comment les Français et les Vietnamiens formulent-ils le reproche ?
Nous avons également formulé les hypothèses suivantes : Il existe des similitudes ainsi que des différences dans la formulation du reproche en français et en vietnamien. Et ces différences peuvent être expliquées en partie par des facteurs socio-culturels.
En menant la présente recherche, nous visons tout d’abord à identifier les caractéristiques et les formules de reproches en français et en vietnamien, puis, à faire ressortir les similitudes et les différences dans les stratégies de reproche dans les deux langues. Nous analysons ensuite l’influence des facteurs socio-culturels sur la réalisation de l’acte de reproche en vietnamien.
Afin de parvenir aux objectifs susmentionnés, nous aurons recours à une méthodologie descriptive, analytique et comparative. Nous procéderons à décrire et à analyser les caractéristiques du reproche et les formules à reprocher quelque chose à quelqu’un dans les deux langues. En nous basant sur les résultats de ce travail, nous chercherons à relever les similitudes et les divergences principales dans la réalisation du reproche des Français et des Vietnamiens. Notre travail reposera donc sur deux corpus littéraires contemporains : l’un en français et l’autre en vietnamien.
Notre travail de recherche se compose de trois chapitres : fondement théorique, constitution et analyse du corpus et formulation du reproche en français et en vietnamien.
Dans le premier chapitre, nous reprendrons tout d’abord quelques notions de base de l’interaction verbale (l’acte de langage, la relation interpersonnelle dans l’interaction verbale et la politesse) qui servent de point de départ pour les deux parties qui suivent. Il sera ensuite réservé à la définition du reproche.
Le deuxième chapitre sera consacrée à la constitution et à l’analyse du corpus. Après la justification du choix et la présentation du corpus littéraire contemporain, nous analyserons les formules de reproches constatées dans le corpus. à partir de ces analyses, les caractéristiques de l’acte de reproche pourront être identifiées.
Dans le troisième chapitre, nous tenterons de faire une étude comparative de la formulation du reproche en français et en vietnamien pour faire ressortir des similitudes ainsi que des différences dans la réalisation du reproche dans les deux langues. C’est aussi dans ce chapitre que nous voudrions faire émerger les facteurs socio-culturels qui influencent en partie les comportements langagiers dans la réalisation du reproche en français et en vietnamien.
Premier chapitre : fondement théorique
Ce chapitre sert de point de départ pour notre analyse des caractéristiques et des formulations du reproche en français et en vietnamien que nous allons détailler dans les deux parties qui suivent. Premièrement, nous aborderons les conceptions théoriques concernant l’étude de l’acte de reproche. La deuxième phase sera réservée à l’analyse des définitions du reproche.
I. conceptions théoriques
Pour pouvoir étudier l’acte de reproche, il nous est indispensable de reprendre quelques notions de base telles que l’acte de langage, la relation interpersonnelle et la politesse dans l’interaction verbale. Une fois ces notions définies, nous passons à la définition de l’acte de reproche.
1. Acte de langage
Nous reprendrons dans cette partie la notion, la classification et les formulations des actes de langage.
1.1. Notion d’acte de langage
Suivant la conception traditionnelle, le langage ne sert qu’à décrire le monde réel. Selon les linguistes traditionnels, les énoncés ont la propriété d’être vrais ou faux.
Le philosophe britanique John L. Austin (1970) a cependant remarqué que le langage est susceptible de réagir sur la réalité. C’est lui qui a distingué 2 types d’énoncés : l’un sert à décrire la réalité et l’autre, à accomplir une action. Le premier est appelé énoncé constatif et le deuxième, énoncé performatif.
Il pleut (énoncé constatif)
Je te promets que je te dirai la vérité. (énoncé performatif)
Il a ensuite fait une distinction entre trois catégories d’actes de langage : les actes locutoires qui correspondent au fait de dire quelque chose, les actes illocutoires accomplis en disant quelque chose et les actes perlocutoires accomplis par le fait de dire quelque chose. En voici un exemple :
Acte locutoire : Le professeur a dit à un étudiant : “ Pourriez-vous ouvrir la fenêtre ?”
Acte illocutoire : Le professeur a demandé à l’étudiant d’ouvrir la fenêtre.
Acte perlocutoire : L’étudiant ouvre la fenêtre.
Selon John R. Searle (1970 : 52) “parler une langue, c’est réaliser des actes de langage”. Les actes de langage sont les unités minimales de base de la communication linguistique. Chaque acte a un contenu propositionnel et une force illocutoire particulière (acte de promesse, de reproche, de demande …)
1.2. Classification des actes de langage
Austin (1970) a classé les actes illocutoires en 5 catégories.
Les verdictifs – les actes qui consistent à juger. Ex : “estimer”, “classer”, “décrire”.
Les exercitifs, qui consistent à décider des actions à suivre, par exemple : “commander”, “nommer”, “ renvoyer”, “pardonner”, “proclamer”.
Les promissifs, qui obligent le locuteur à agir d’une certaine manière, à adopter une certaine conduite comme “promettre”, “garantir”, “jurer”, “ s’engager”, etc.
Les comportatifs, qui expriment la réaction à une conduite, un acte de l’interlocuteur : “s’excuser”, “remercier”, “applaudir”, “féliciter”, “critiquer” , etc.
Les expositifs, qui consistent à exposer. Les verbes de ce groupe sont très nombreux, parmi lesquels : “affirmer”, “nier”, “répondre”, “dire”, “illustrer”, “expliquer”, “signifier”, “mentionner”.
Cependant, selon Searle (1982 : 48-51), il existe dans la taxinomie d’actes illocutoires d’Austin 6 grands problèmes. Le premier problème, le plus grave, est qu’Austin n’a pas donné de principes, de critères cohérents pour sa classification (par exemple, les promissifs sont définis en terme de but illocutoire tandis que le facteur d’autorité est considéré comme base des exercitifs …). Deuxièmement, Austin fait une confusion entre les actes et les verbes. En effet, il a classifié non pas les actes illocutoires mais les verbes illocutoires. Troisièmement, certains verbes classifiés tels que “avoir l’intention de”, “être prêt à”, “sympathiser”, etc ne sont pas des verbes illocutoires. Quatrièmement, à cause du manque de critères de classification et de la confusion entre les actes et les verbes, les catégories se recouvrent trop largement entre elles. Cinquièmement, il manque d’homogénéité à l’intérieur de chaque catégorie. Sixièmement, les verbes recensés dans chaque classe ne satisfont pas toujours la définition donnée.
Ayant conscience de ces inconvénients, Searle a proposé 12 critères pour distinguer les actes de langage. Les critères qu’il considère commes les plus importants sont :
Le but de l’acte (le but illocutoire) : pour Searle, c’est la condition la plus importante qui forme la base la plus appropriée pour la taxinomie des actes illocutoires.
La direction d’ajustement entre les mots et le monde (le rapport entre le monde et le contenu propositionnel de l’acte de langage). Elle est toujours la conséquence du but illocutoire. Certains actes rendent les mots conformes au monde, plus exactement rendent conforme leur contenu propositionnel au monde (affirmation, explication, description, assertion, etc), tandis que d’autres ont pout but de rendre le monde conforme aux mots (demande, promesse, ordre, etc).
L’état psychologique exprimé : le locuteur exprime toujours en accomplissant un acte une certaine attitude : le désir, le regret par exemple. Son attitude n’est cependant pas toujours sincère.
À partir de ces critères, Searle a proposé une taxinomie d’actes de langage. Les actes illocutoires y sont classées en 5 catégories :
Les assertifs : ils ont pour but d’engager le locuteur sur l’existence d’un état de chose, sur la vérité de la proposition exprimée. La direction d’ajustement va des mots au monde. L’état psychologique exprimé est la conviction, la croyance à propos du contenu propositionnel. Exemples de verbes : “analyser”, “ évaluer”, “décrire”.
Les directifs : le but illocutoire de ces actes est d’obtenir que l’interlocuteur fasse quelque chose. Le monde doit s’ajuster aux mots. Quant à l’état psychologique, il s’agit du désir, de la volonté. Les verbes correspondant aux actes de cette classe sont : “demander”, “ordonner”, “commander”, “ réclamer”, “ prier”, “ inviter”, “ conseiller”, etc.
Les promissifs : il s’agit des actes dont le but illocutoire est d’engager ou d’obliger le locuteur à accomplir une action future ; où la direction d’ajustement va du monde aux mots et où l’état psychologique est la sincérité de l’intention. Ex : “promettre”, “s’engager”, “garantir”.
Les expressifs : le but illocutoire de cette classe d’actes est d’exprimer l’état psychologique spécifié sous condition de la sincérité, vis-à-vis d’un état de chose spécifié dans le contenu propositionnel. “Remercier”, “féliciter”, “s’excuser”, etc, tels sont les verbes expressifs correspondant aux actes de cette classe. Il est à remarquer que les expressifs n’ont pas de direction d’ajustement : le contenu propositionnel est présupposé. Le locuteur ne cherche pas à rendre le monde conforme aux mots, ni rendre les mots conformes au monde. Ces actes se correspondent en gros aux comportatifs d’Austin.
Les déclaratifs : ils ont pour but de mettre en correspondance directement le contenu propositionnel à la réalité. Ils n’ont pas de direction d’ajustement, sous réserve de légitimité institutionnelle ou sociale. Ex : “déclarer”, “nommer”, “définir”, “appeler”.
1.3. Formulation des actes de langage
Un acte de langage n’a pas une seule formulation. En effet, un même acte de langage peut recevoir un grand nombre de réalisations différentes (par exemple, les énoncés suivants sont, dans certains contextes, pragmatiquement équivalents : ils ont tous la valeur de demande de fermer la porte : “Ferme la porte !”, “Tu peux/pourrais fermer la porte ?”, “Tu veux/voudrais fermer la porte ?”, “ La porte est ouverte”, “ Il y a un courant d’air”). Les formulations de l’acte de langage sont divisées en deux grandes catégories : formulations directes et formulations indirectes.
1.3.1. Formulation directe
Quand le locuteur énonce une phrase en voulant dire directement, explicitement, exactement et littéralement ce qu’il dit, on parle de la formulation directe de l’acte de langage.
Les actes de langage directs se réalisent en général grâce à des verbes performatifs ou des formes de phrase. Prenons des exemples :
“ Je te conseille de ne pas abuser de somnifères” (1)
“ N’abuse pas de somnifères !” (2)
Dans le premier énoncé, l’énonciateur a recours à l’utilisation du verbe performatif “conseiller”. Quand on dit “je te conseille…”, on accomplit automatiquement l’acte de conseil. Les verbes performatifs indiquent explicitement l’acte accompli en même temps qu’il est énoncé. Un verbe ne peut pas être performatif “par nature”, il ne peut l’être qu’occasionnellement et dans certaines conditions d’emploi. Il doit être employé à la première personne au présent de l’indicatif. Si le locuteur s’engage dans un acte, l’engagement est pris vis-à-vis d’un destinataire précis, qui doit être explicitement désigné dans l’énoncé. (Tomassone 1998 : 45)
Au deuxième énoncé, le conseil est formulé sous forme de phrase impérative. Cette formulation ne nomme pas l’acte accompli mais le marque de façon explicite. C’est pour cette raison que les actes directs sont appelés encore actes explicites.
1.3.2. Formulation indirecte
L’acte de langage indirect est un acte illocutoire accompli indirectement par l’accomplissement d’un autre. En effet, quand on dit quelque chose, c’est qu’on fait une chose sous les apparences d’une autre.
Il existe deux types de formulations indirectes : formulation indirecte conventionnelle et formulation indirecte non conventionnelle. L’acte de langage indirect conventionnel “fait partie d’un répertoire d’actes de discours socialement reconnus”
. Pour la formulation indirecte non-conventionnelle, aucun indice ne dit que l’on fait tel ou tel acte. Ce sont les lois de discours et le contexte qui déterminent l’acte.
“Tu pourrais fermer la porte ?”
Apparemment, c’est un acte de question qui porte sur la capacité de l’interlocuteur. Pourtant, cette question ne demande pas une réponse de type Oui/ Non mais la réaction de l’interlocuteur : il voudrait que l’interlocuteur ferme la porte.
Il a été admis que hors de certains contextes particuliers, cette structure interrogative fonctionne conventionnellement comme une requête. Autrement dit, la requête s’exprime conventionnellement par le biais d’une question. Searle (1982 : chap.2) appelle “secondaire” l’acte de question et “primaire”, l’acte de requête. Sous l’angle d’interprétation, la valeur de question est dite “littérale” et la valeur de requête, “dérivée”.
Dans le cas “Il y a des courants d’air”, l’énoncé prend la forme d’une assertion. Cette assertion porte sur l’état de la porte. D
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