De nos jours, de multiples échanges sur les plans culturel, économique, commercial
offrent de plus en plus de possibilités de contacts aux peuples dans le monde entier. La
relation entre le Vietnam et les pays francophones en général, entre le Vietnam et la France
en particulier ne fait pas exception. Donc, la maitrise des langues étrangères dont le
français est un besoin inévitable. Pourtant, les obstacles de communication créés lors d’une
rencontre interculturelle semblent inévitables. En observant les comportements langagiers
des apprenants de français, nous constatons que ces obstacles viennent d’abord de leurs
connaissances linguistiques. Ainsi, pour bien communiquer, la maîtrise des connaissances
syntaxiques qui régissent le fonctionnement de la langue est une condition primordiale.
En grammaire française, la quantification est une des questions qui ne fait jamais
l’objet d’une description en tant que telle. Traditionnellement, la logique restreignait
l’étude de la quantification aux quantificateurs universel et existentiel, du fait de leur
importance particulière pour l’analyse des raisonnements par déduction qui constitue le
centre d’intérêt de la logique classique, mais à date récente la sémantique formelle a repris
la question de la quantification d’une façon beaucoup plus directement utile pour le
linguiste intéressé à l’analyse des phénomènes syntaxiques liés à la quantification.
Pour exprimer la quantification, dans beaucoup de langues, les constituants nominaux
portent des marques morphologiques de nombre. Toutefois, l’expression morphologique
du nombre n’a rien d’universel. Par contre, toutes les langues ont des quantificateurs, c’està-dire des mots signifiant une opération de quantification. La catégorie des quantificateurs
regroupe des items qui permettent notamment de préciser un certain type de rapport entre
les constituants fondamentaux de la phrase, le rapport précisé étant explicitement de nature
quantitative.
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Remerciements
J’adresse mes sincères remerciements à Monsieur Le Professeur Trn Th
Hùng, mon directeur de recherche, avec qui j’ai eu grand plaisir à
partager, au cours de ces années, mes réflexions scientifiques et qui est
toujours un interlocuteur motivant et enthousiaste. Je le remercie pour ses
lectures attentives et exigeantes, ses remarques, ses suggestions, ses
conseils, sa disponibilité précieuse.
Je tiens également à remercier les professeurs du Département de langue et
de civilisation françaises à qui nous devons les connaissances et le courage
pour le travail de recherche.
Je suis aussi très connaissante à la Direction du Département des études
post-universitaires, à la Direction du Départemnt de langue et de
civilisation françaises, Ecole supérieure de langues étrangères, Université
nationnale de Hanoi qui ont créé des conditions favorables à mon travail.
Enfin, j’adresse ma gratitude profonde à ma famille qui m’a toujours
encouragée et soutenue, à mes collèges et amis qui, de près ou loin, m’ont
aidée à réaliser ce travail de recherche.
2
ASSURANCES
Nous donnons l’assurance que ce mémoire est le résultat de notre
travail de recherche et que le contenu du mémoire n’est pas encore
publié.
3
RÉSUMÉ
La quantification est un problème vaste et complexe. Elle concerne plusieurs
disciplines en linguistique comme le lexique, la syntaxe, la morphologie et le pragmatique.
Pourtant, dans les méthodes de français même dans les livres de grammaire, on ne peut pas
trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des
quantificateurs. Ils sont traités dans des chapitres différents et de façon très brève.
Dans le cadre de ce mémoire, nous avons donc l’intention d’éclaircir la notion de la
quantification et celle des quantificateurs, d’analyser les caractéristiques principales de la
quantification, d’expliciter les moyens exprimant la quantité en français. Nous voudrions
également donner un classement des quantificateurs selon leur degré de quantité et
analyser l’emploi des quantificateurs du point de vue syntaxique et pragmatique. Enfin,
notre travail vise aussi à donner les équivalents des quantificateurs en vietnamien.
4
TABLE DES MATIÈRES
Introduction 1
Chapitre 1 : GÉNÉRALITÉS DE LA QUANTIFICATION ET DES
QUANTIFICATEURS
5
1. Problème de terminologie 5
2. Définitions
2.1. Quantité et intensité
2.2. Définitions des quantificateurs
7
7
7
3. Caractéristiques de la quantification
3.1. Caractéristiques formelles
3.1.1. Forme simple des quantificateurs
3.1.2. Formes composés des quantificateurs
3.2. Les degrés de la quantification
3.2.1. Quantificateurs logiques et quantificateurs linguistiques
3.2.2. Signification logique et linguistiques des quantificateurs
3.3. Les modes de détermination de la quantification
3.4. Propriétés syntactico-sémantiques des quantificateurs
3.5. Les types de quantificateurs
3.6. Quantificateurs purs et quantificateurs caractérisants
10
10
12
12
13
13
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15
16
17
18
Chapitre 2 : MOYENS EXPRIMANT LA QUANTIFICATION 19
1. La mise au pluriel
1.1. Définition et formation graphique
1.1.1. La nature des mots ou la terminaison des mots
1.1.2. La nature des mots composés : forme simple ou forme composée
1.1.3. Le sens des mots
19
19
19
20
22
1.2. Les fonctions de la mise au pluriel
1.3. Nombre grammatical et quantification
23
24
2. Les quantificateurs 25
2.1. Les adjectifs numéraux
2.1.1. Adjectifs cardinaux
2.1.2. Adjectifs numéraux ordinaux
2.1.3. Termes dérivés des adjectifs numéraux
26
26
27
28
5
2.1.3.1. Nombres collectifs
2.1.3.2. Adjectifs numéraux multiplicateurs et fractionnaires
2.1.3.2. Préfixe exprimant la quantification
28
29
29
2.2. Les articles
2.2.1. Définitions et types d’articles
2.2.2. Articles et quantification
31
31
32
2.3. Les adjectifs et les pronoms indéfinis
2.3.1. Morphologie et syntaxe des indéfinis
2.3.1.1. Les adjectifs indéfinis
2.3.1.2. Les pronoms indéfinis
2.3.2. Valeur quantitative des indéfinis
35
35
36
36
37
2.4. Quantificateur adverbial
2.4.1. Les adverbes de quantité
2.4.2. Le quantificateur adverbial
40
40
41
2.5. Quantificateur nominal 42
2.6. Adjectifs quantificateurs 45
3. D’autres moyens exprimant la quantification 48
Chapitre 3 : CLASSIFICATION ET EMPLOIS DES QUANTIFICATEURS 49
1. La quantité déterminée
1.1. Marques et formes de la quantité déterminée
1.2. Particularités sémantiques
1.2.1. L’expression du degré de la quantité
1.2.2. L’expression de l’approximation
49
49
49
49
50
2. La quantité et l’intensité indéterminées
2.1. Marques et formes des quantificateurs exprimant la qualité ou l’intensité
indéterminée
2.2. Particularités sémantiques des quantificateurs
2.2.1. Quantité et intensité neutres
2.2.1.1. La quantité neutre
2.2.1.2. L’intensité neutre
2.2.2. Quantité et intensité fortes
2.2.2.1. La quantité forte
2.2.2.2. L’intensité forte
52
52
53
54
54
55
56
56
58
6
2.2.2.3. Procédés communs à la quantité et à l’intensité fortes
2.2.3. La quantité et intensité faibles
2.2.3.1. Quantité faible
2.2.3.2. Intensité faible
2.2.3.2. Procédés communs à la quantité et à l’intensité faibles
59
60
60
61
62
3. La quantité et l’intensité relatives
3.1. Marques et formes
3.2. Particularités sémantiques
3.2.1. L’adéquation
3.2.2. L’excès
3.2.3. L’insuffisance
63
63
64
65
66
67
4. La quantité et l’intensité totalisantes
4.1. Marques et formes
4.2. Particularités sémantiques
4.2.1. Quantité totalisante
4.2.1.1. Expression distributive
4.2.1.2. Expression globale de la totalité
4.2.2. Intensité totalisante
67
67
68
68
68
69
71
5. La quantité et intensité nulles
5.1. Marques et formes
5.2. Particularités sémantiques
5.2.1. Quantité nulle
5.2.1.1. La négation simple
5.2.1.2. Quantificateurs exprimant la quantité nulle
5.2.2. Intensité nulle
73
73
73
73
74
74
76
Chapitre 4 : ÉQUIVALENTS DES QUANTIFICATEURS EN LANGUE
VIETNAMIENNE
78
1. Numéraux de mesure
1.1. Unités de numération
1.2. Unités de mesure
1.3. Substantifs collectifs, substantifs partitifs et substantifs désignant la quantité
d’un contenant
1.4. Autres numéraux de mesure
78
79
80
80
81
7
2. Numéraux de quantité
2.1. Quantité déterminée
2.1.1. Noms de nombres employés comme complément cardinal
2.1.2. Noms de nombres employés comme complément ordinal
82
82
82
83
2.2. Quantité indéterminée
2.2.1. Quantité approximative
2.2.1.1. Accouplement de deux noms de nombre
2.2.1.2. Utilisation des numéraux approximatifs
2.2.1.3. Utilisation des auxiliaires approximatifs
2.2.2. Quantité forte et quantité faible
2.2.2.1. Grandes quantités et petites quantités
2.2.2.2. Emplois de quelques numéraux exprimant la quantité imprécise
84
84
84
85
86
86
86
87
2.2.3. Quantité neutre : pluralité
2.2.3.1. Emploi de “nhng”
2.2.3.2. Emploi de “các”
2.2.3.3. Différences entre “nhng” et “các”
2.2.3.4. Emploi de “chúng”
91
91
92
93
94
2.3. Quantité totale
2.3.1. Emploi des numéraux totalisants
2.3.2. Emploi des noms de nombre : “mi”, “trm”, “nghìn”, “vn”
2.3.3. Place des numéraux de totalité
94
94
96
97
2.4. Quantité distributive 97
Conclusion 100
Bibliographie 103
8
INTRODUCTION
De nos jours, de multiples échanges sur les plans culturel, économique, commercial
offrent de plus en plus de possibilités de contacts aux peuples dans le monde entier. La
relation entre le Vietnam et les pays francophones en général, entre le Vietnam et la France
en particulier ne fait pas exception. Donc, la maitrise des langues étrangères dont le
français est un besoin inévitable. Pourtant, les obstacles de communication créés lors d’une
rencontre interculturelle semblent inévitables. En observant les comportements langagiers
des apprenants de français, nous constatons que ces obstacles viennent d’abord de leurs
connaissances linguistiques. Ainsi, pour bien communiquer, la maîtrise des connaissances
syntaxiques qui régissent le fonctionnement de la langue est une condition primordiale.
En grammaire française, la quantification est une des questions qui ne fait jamais
l’objet d’une description en tant que telle. Traditionnellement, la logique restreignait
l’étude de la quantification aux quantificateurs universel et existentiel, du fait de leur
importance particulière pour l’analyse des raisonnements par déduction qui constitue le
centre d’intérêt de la logique classique, mais à date récente la sémantique formelle a repris
la question de la quantification d’une façon beaucoup plus directement utile pour le
linguiste intéressé à l’analyse des phénomènes syntaxiques liés à la quantification.
Pour exprimer la quantification, dans beaucoup de langues, les constituants nominaux
portent des marques morphologiques de nombre. Toutefois, l’expression morphologique
du nombre n’a rien d’universel. Par contre, toutes les langues ont des quantificateurs, c’est-
à-dire des mots signifiant une opération de quantification. La catégorie des quantificateurs
regroupe des items qui permettent notamment de préciser un certain type de rapport entre
les constituants fondamentaux de la phrase, le rapport précisé étant explicitement de nature
quantitative.
La question des quantificateurs relève de deux difficultés majeures auxquelles est
confronté le traitement automatique des langues naturelles : les faits de syntaxe et de
sémantique sont rarement analysables indépendamment les uns des autres, une analyse
linguistique plausible prend nécessairement appui sur le lexique. Ainsi, des formalistes
trop contraignants quant aux interactions entre syntaxe et sémantique se heurtent au fait
que l’expression de la quantité recourt à des unités linguistiques qui ne sont pas de même
nature (des déterminants, des adverbes, des pronoms, des noms…) De plus, des
9
phénomènes de surface identiques (la détermination) peuvent différer quant à leur
interprétation. Un déterminant quantificateur n’est pas strictement comparable selon qu’il
s’applique à un substantif prédicatif ou bien à un nom argument. Par ailleurs, l’expression
de la quantité est gouvernée par le lexique, un nombre limité de substantifs admettent la
séquence “un litre de” comme déterminant. C’est pourquoi, on peut difficilement réduire
la question de la quantification à un nombre restreint de règles à portée générale. Pour en
rendre compte, une analyse du lexique fondée sur ses particularités syntactico-sémantique
est nécessaire.
Pourtant, dans les méthodes de français même dans les livres de grammaire, on ne
peut pas trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des
quantificateurs. Ils sont traités dans des chapitres différents et de façon très brève. Pour
l’emploi des quantificateurs, l’explication est très ambiguë et on ne voit pas clairement
leurs différences. On peut citer comme exemple le cas de “quelques” et de “plusieurs”.
Les définitions de “quelques” et “plusieurs” dans les dictionnaires et les grammaires
tendent à présenter ces deux mots comme des déterminants plus ou moins synonymes, de
la quantité peu levée, les rapprochant de “peu” et “un peu”. Une étude plus approfondie
des emplois de ces adjectifs indéfinis révèle cependant des différences assez considérables.
“Quelques”, en général, non prédicatif ne désigne la quantité qu’accessoirement et joue un
rôle parallèle à celui de “un peu”, alors que “plusieurs” signale plutôt la supériorité d’une
quantité par rapport à une quantité minimale que la quantité faible elle-même. Il apparaît
dès lors comme assez éloigné tant de “quelques” que de “peu” et “un peu”.
De plus, à travers les cours, nous trouvons que les apprenants de français ont
beaucoup de difficultés en utilisant des quantificateurs parce que les membres de
différentes sociétés disposent de moyens de communication qui leur sont spécifiques. Les
moyens exprimant la quantification en français et en vietnamien sont très différents. On
constate qu’il n’y a pas de classes grammaticales équivalentes en français et en vietnamien
qui servent à exprimer la quantité. Si la quantification en français est marquée par diverses
classes grammaticales, la langue vietnamienne exprime cette notion par une propre classe
grammaticale appelée les numéraux. Ces différences causent beaucoup de difficultés pour
les Vietnamiens apprenant le français car ils sont souvent influencés par des habitudes dans
la langue maternelle.
10
De telles remarques nous font poser une suite de questions : Comment définit-on la
quantification et les quantificateurs ? Quelles sont leurs caractéristiques ? Quels sont les
moyens exprimant la quantité ? Comment emploie-t-on les quantificateurs ? Comment
classe-t-on les quantificateurs ? Quels sont les équivalents des quantificateurs en
vietnamien ?
C’est à partir de ces problèmes que nous avons choisi “Quantification en français et
équivalent en vietnamien” comme sujet de notre mémoire de fin d’études post-
universitaires.
Dans le cadre d’une recherche de fin d’études post-universitaires, nous avons donc
l’intention d’éclaircir la notion de la quantification et celle des quantificateurs, d’analyser
les caractéristiques principales de la quantification, d’expliciter les moyens exprimant la
quantité en français. Nous voudrions également donner un classement des quantificateurs
selon leur degré de quantité et analyser l’emploi des quantificateurs du point de vue
syntaxique et pragmatique. Enfin, notre travail vise aussi à donner les équivalents des
quantificateurs en vietnamien.
À propos d’un tel travail, sur le plan théorique, notre étude relève du lexique-
grammaire qui postule que la phrase est le cadre minimal d’analyse des unités linguistiques
considérées. Les constituants fondamentaux d’une phrase simple correspondent à un
prédicat et son domaine d’arguments, un opérateur étant défini notamment par la nature de
ses arguments et leur configuration par rapport à celui-ci. Du point de vue méthodologique,
nous adoptons une méthodologie descriptive, analytique pour étudier les caractéristiques et
les moyens exprimant la quantification. L’emploi des quantificateurs en français est
analysé à partir d’un corpus qui est composé des exemples contenant des quantificateurs
relevés de deux romans : Un secret de Phillipe Grimbert et Les misérables de Victor Hugo.
La méthodologie comparative est utilisée pour des études constrastives des quantificateurs
A partir d’un corpus tiré des histoires drôles du peuple vietnamien traduites en français,
nous essayerons de donner les équivalents des quantificateurs en vietnamien. Enfin, dans
certains cas, nous devons emprunter des exemples cités par les auteurs que nos avons
consultés.
Notre travail de recherche comprend quatre chapitres. Dans le premier chapitre, nous
commencerons par le problème de terminologie. Nous donnerons ensuite des définitions de
“quantification” et de “quantificateur”. Nous analyserons aussi les caractéristiques
11
principales de la quantification. Le deuxième chapitre sera consacré à étudier les moyens
exprimant la quantification en français. Nous allons aborder deux façons essentielles
exprimant la quantification : la mise au pluriel et l’utilisation des quantificateurs qui sont
des adjectifs numéraux, des articles, des adjectifs et pronoms indéfinis. Ils peuvent être
aussi des quantificateurs adverbiaux, nominaux même adjectivaux. Pour le troisième
chapitre, nous accorderons une grande importance au classement des quantificateurs selon
divers critères : type d’opération de la quantification, degré quantitatif, nature sémantique
du terme auquel ils s’appliquent… A l’intérieur de chaque sous-classe des quantificateurs,
les emplois de chaque quantificateur seront analysés du point de vue syntaxique et
pragmatique. Pour conclure ce travail, le dernier chapitre servira à citer et classer les
équivalents des quantificateurs en vietnamien.
12
Chapitre I
GÉNÉRALITÉS DE LA QUANTIFICATION ET DES
QUANTIFICATEURS
1. PROBLÈME DE TERMINOLOGIE
En grammaire française, la quantification est une des questions de grammaire qui ne
fait jamais l’objet d’une description en tant que telle. Dans les livres de grammaire, on ne
peut pas trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des
quantificateurs. Ils sont traités dans des chapitres différents comme : le pluriel, le nombre,
les articles, les adjectifs indéfinis, les adverbes de quantité…
Pourtant, on remarque que ces différentes catégories de mots expriment toute une
notion de quantité, même si chacune d’elles le fait d’une manière particulière et avec des
nuances qui lui sont propres.
En observant l’énoncé : “Hier, elle a acheté un disque au supermarché.”
On trouve que, pour quantifier le mot “disque”, on peut utiliser des expressions
linguistiques différentes, sans préjuger des effets de sens que chacune de ces expressions
pourrait apporter. À la place de “un”, on peut avoir “des”, des adjectifs numéraux “deux,
trois, quatre…” des adjectifs indéfinis comme “quelques, plusieurs”. On peut aussi le
remplacer par des adverbes de quantités “beaucoup de, peu de…” ou des expressions
diverses exprimant la quantité comme “plein de, un grand nombre de, une grande quantité
de, une quantité incroyable de…”
Dans le deuxième énoncé : Aujourd’hui, à midi, j’ai mangé de la viande saignante.
Pour quantifier le terme viande, on peut avoir des adverbes de quantité comme
beaucoup de, trop de, peu de… ou des numéraux combinés avec des termes de mesure du
poids : cent grammes de ; deux cents grammes de…
Pour intensifier le terme saignant, on peut utiliser les adverbes de quantités très,
assez, trop, peu, bien… ; des préfixes ultra-, archi-… des adverbes de manière
énormément, étonnamment, parfaitement, extrêmement… ou des expressions diverses qui
peuvent être postposées : on ne peut plus, à souhait…
Prenons comme exemple le troisième énoncé : Mon fils aime bien le sport.
13
Pour intensifier le verbe aimer, à la place de “bien”, on peut utiliser les adverbes de
quantités très, assez, trop, peu… ; des adverbes de manière postposés énormément,
passionnément… ou des expressions diverses comme à la folie, comme un fou...
À travers ces exemples, avec des remarques données, on trouve que le procédé de
quantification dépend de trois éléments suivants :
- La nature sémantique du mot auquel il s’applique.
Dans la langue française, on ne peut pas dire “*J’ai acheté très disques” ni “*J’ai
mangé de la viande beaucoup saignante.” De même, on ne peut pas utiliser les numéraux
deux, trois, quatre… pour quantifier le terme “viande” si le contexte implicite ou explicite
ne précise pas le sens qu’il faut apporter à ce terme. On peut dire “J’ai mis trois viandes
dans le pot-au-feu.” si on précise ces trois sortes de viandes : “J’ai mis trois viandes dans
le pot-au-feu : du gîte, du plat de côtes et de la macreuse.”
Il s’agit là d’une différence de la nature sémantique du mot quantifié selon laquelle
on distingue quantité et intensité. Dans les deux cas précédents, la classe générique n’est
pas la même. Cependant, la cohérence sémantique entre les traits spécifiques du
quantificateur et du mot quantifié doit aussi être respectée. Ainsi, on pourra dire “C’est une
fillette follement gaie.” mais on ne dira pas “J’ai mangé de la viande follement sai